Le rugby est un sport très complet qui sollicite toutes les parties du corps mais aussi un sport de contact où les chocs sont fréquents. La variété et le grand nombre de blessures s’expliquent par des phases de jeu très différentes, tout comme le rôle des joueurs. Cependant, les accidents très graves restent rares. Dr Silvia Bonfanti, spécialiste en médecine physique et réadaptation et médecin référent de l’équipe du Rugby Club de Plan-les-Ouates nous parle des différentes blessures et des principes de prévention.
Les lésions des tissus mous (muscles/tendons) et les lésions ligamentaires sont les plus fréquentes (chez les professionnels et les non professionnels) et principalement situées au niveau des membres inférieurs (notamment le genou).
Selon World rugby (auparavant International Rugby Board) on n’observe pas d’augmentation des blessures chez les professionnels mais une augmentation de la sévérité des lésions (lésions sévères de 18% à 26% entre 2007 et 2015) dont l’explication n’est toutefois pas clairement identifiée.
Une possibilité évoquée par Dr Bonfanti est que les protocoles de retour au jeu soient devenus plus strictes.
Durant la même période, une augmentation des lésions têtes et visages a également été recensée par le British Journal of Sports Medicine. L’incidence des lésions est plus importante chez les professionnels que les amateurs. Cependant, une différence subsiste entre l’incidence des lésions en match (face et tête 22%, genou 16% muscle 23% ligament 23%) et celles liées à l’entraînement (membres inférieurs 80% et muscle 60%).
Les blessures des membres inférieurs
- La cuisse
La cuisse est fréquemment atteinte, avec des déchirures musculaires.
Les contusions sont ainsi principalement dues à un placage ou à une mauvaise chute mais elles peuvent aussi découler d’un choc direct sur un muscle contracté (la classique "béquille"). Sa gravité est variable et son évolution est directement liée à la gravité de la lésion.
Bien que le mécanisme de contact soit le plus souvent responsable de ces lésions, il existe également des lésions de non contact liées aux sprints.
- Le genou
Au rugby, le genou est particulièrement exposé. Selon une étude publiée par le « British Journal of Sports Medicine » sur la surveillance des blessures au rugby durant la coupe du monde 2015, environ 16% des blessures sont localisées au genou (pendant les match).
L'articulation du genou peut être atteinte selon deux mécanismes
- Le contact
- Le pivot ou le mauvais atterrissage d’un saut
La présence d’un épanchement, d’une limitation de la mobilité et d’un test ligamentaire anormale orientent les spécialistes vers le diagnostic d’une entorse grave.
- La cheville et la jambe
Les entorses sont fréquentes et peuvent survenir lors de regroupements ou sans contact. Elles sont induites par une inversion forcée du pied. En ce qui concerne la tendinopathie du tendon d'Achille (ou toutes autres surcharges tendineuses et musculaires), elle est le plus souvent causée par des excès ou un manque de charge d’entraînement (ref : The Training- Injury Prevention Paradox, Tim Gabbett Br J Sports Med 2016). Les fractures et les ruptures du tendon d’Achille sont quant à elles plus rares.
Les blessures des membres supérieurs
- L’épaule
La pratique du rugby peut provoquer des blessures sur la partie supérieure notamment à l’épaule :
- Entorse de l'articulation située entre l'omoplate et la clavicule (acromio-claviculaire), souvent récidivante
- Fracture de la clavicule à la suite d'une chute sur l'épaule, dans un regroupement ou dans la mêlée
- Luxation de l'épaule habituellement antéro-interne, à la suite d'un choc direct ou d'une chute (6.2%)
- La main et le poignet
La fracture du scaphoïde est fréquente chez les rugbymen ; ce type de blessure implique de la prudence avant le retour au jeu car la consolidation peut être lente (en raison d'une vascularisation peu développée).
La fracture du métacarpe (os de la main) peut se produire lorsque la main est écrasée par une chaussure à crampons, à la sortie d'une mêlée ouverte ou suite à un coup de poing malencontreux.
Enfin, la luxation d'un doigt est également fréquente.
- Le visage
Le visage des rugbymen n'est pas protégé durant les matchs. Par conséquent, les joueurs subissent fréquemment des fractures des os exposés (fracture du nez et de l'os malaire, des maxillaires, de l'apophyse zygomatique).
Les lésions dentaires associées à des plaies du visage et de la langue sont, elles, de l’ordre de 1 à 2% par match.
- Les blessures du rachis cervical
Ce type de blessure est engendré par un mécanisme de traction ou de compression et se produit principalement lors de l'effondrement de la mêlée ou lors d'un placage. Les seconde et troisième lignes sont ainsi moins exposées.
Les fractures et luxations sont rares. Il existe en priorité des microtraumatismes qui peuvent amener à des troubles dégénératifs précoces de la colonne.
- Les commotions
Les commotions sont aussi nombreuses. 17% des joueurs professionnels ont eu une commotion durant la saison 2015-2016 (England Profession Rugby Injury Surveillance Project 2015-2016 season report). Bien que ce chiffre soit en augmentation, les commotions sont nettement moins nombreuses en entraînement et pour les joueurs amateurs (Gardner AJ, Sports Med 2014)
Comment éviter les blessures et les accidents
De manière générale, la prévention de tels accidents a fait l’objet d’un plan stratégique adapté par le « World Rugby » (International Rugby Board. Strategic plan 2016-2020)
Ce plan de prévention repose sur les principes suivants :
- L’adoption par toutes les fédérations des processus de prévention et de gestion des commotions
- Une meilleure information des jeunes et des adultes sur la dangerosité du jeu
- L’application des règles d'arbitrage très strictes et une prévention sur le plan "légal"
- La sensibilisation des entraîneurs et du personnel soignant aux bonnes pratiques
- Une sensibilisation des joueurs à la prévention médicale et à travers la réalisation de bilans présaison
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